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dont extraits :
Dans la journée du 15, les chefs de bataillon furent
prévenus, par note personnelle et secrète, à ne communiquer aux
troupes qu'à minuit, que le jour « J » était fixé au lendemain
16, l'heure « H » à 6 heures du matin. La nuit vint et la pluie
avec elle. Dans l'ombre, les troupes serraient sur l'avant. Les
boyaux s'encombraient. Les hommes de corvée, se frayant un
chemin à coup de coudes en montant sur les terre-pleins aux
endroits trop engorgés, arrivaient chargés des vivres du soir et
des suppléments donnés pour le combat. Les officiers faisaient
faire à la cisaille les brèches dans les réseaux, pour permettre
le passage des groupes d'assaut. Par endroits on abattait les
parapets pour pouvoir déboucher facilement.
...............................« En avant ! » A gauche
le bataillon Pichon, où les bénéfices de la coopérative de
bataillon avaient permis d'offrir à chacun le luxe d'un quart de
champagne avant l'assaut, s'élança et dévala au pas de course la
pente pour sauter dans le bastion de Luxembourg. Grâce à la
rapidité du débouché le bataillon passa avant le déclenchement
du barrage ennemi. Cependant les mitrailleuses, sous casemate
bétonnée, du Moulin de Loivre, qui flanquaient le bastion de
Luxembourg, ouvrirent le feu dans le flanc droit du bataillon.
Comme au bois Marrières, le bataillon se coucha sous la rafale ;
le lieutenant Hesland et plusieurs autres tombèrent, mais,
officiers et gradés ayant redonné l'élan, les compagnies
sautèrent dans le bastion de Luxembourg complètement bouleversé
par nos torpilles et nos 155.
Le bataillon, qui avait dévalé sur le bastion à la vitesse
de cent mètres à la minute, progressait maintenant à travers les
entonnoirs et les tranchées, derrière le barrage roulant, à la
vitesse de cent mètres en trois minutes. Il déborda le grand
bois, aidant la progression du 23e qui s'y trouvait ralentie par
quelques résistances. La tranchée des Taureaux fut atteinte : le
bataillon exécuta, comme à la manœuvre, sa conversion face à
droite, pendant que le 23e franchissait le canal.
Les tranchées qui défendaient le canal entre le bastion de
Luxembourg et Loivre étaient prises de flanc. Quelques essais de
résistance furent vite réglés à coups de grenades. Mais on
commençait à recevoir des projectiles d'artillerie de tranchée :
« minen » légers,
Les compagnies de tête, suivant exactement l'horaire,
atteignirent cependant, à 6 heures 45, la ligne 6804-6603-6502,
et 250 prisonniers avaient été faits ; on s'élança de nouveau à
l'attaque de Loivre. ......
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