Saint Julien sur Veyle
(Accueil)
BATAILLARD François
BEAUDET Jean Marie
BELZA Casimir
BEREZIAT Paul
BERTHILLET Philibert Benjamin
CARRAT Jean Marie
CHALEARD Célestin
CHALEARD François
DESPLANCHE Alfred
DESSAINTJEAN Jean Marie
DUMAS Pierre
ELEME dit FENDEUR Georges François
GEOFFRE Pierre
GILLET Benoît
GILLET François Joseph
GOIFFON Claude
GREZAUD François
LAURENCIN Benoît
MARTIN Claude Antoine J M
MARTIN Jean Marie
MOINE Paul
MOUROUX Auguste Claude
PERRET Claude
PETITJEAN François André
|
GEOFFRE Pierre
Ses origines
Pierre GEOFFRE est né le 13/10/1888 à Sulignat chez sa grand mère veuve
TREBEAUD.
Sa mère Claudine TREBEAUD avait 17 ans.
Il a pris le nom de GEOFFRE lors du mariage de sa mère avec Antoine
GEOFFRE à Sulignat le 10/11/1892.
Son père était ouvrier tuilier et était né à Saint Etienne sur
Chalaronne le 7/12/1868.
Signalement
Le service des armées ne prenait pas de photos des militaires au moment
du service militaire mais notait une description de chaque homme.
Pierre GEOFFRE mesurait 1.72 m; il avait les cheveux brun et les yeux
roux.
Sa vie avant la guerre
Recensement Sulignat 1896 - Le bourg -
Sa mère décède à Sulignat le 22/04/1898
Son père se remarie le 25/08/1905 à Saint Julien sur Veyle avec Marie
DEPLANCHE née à Sulignat en 1867.
Recensement Saint Julien sur Veyle 1906 - Le bourg -
Au moment du conseil de révision Pierre GEOFFRE exerçait le métier de
cultivateur à Saint Julien sur Veyle.
Il est incorporé au 133e RI le 8/10/1909.
Il est libéré le 1/10/1911.
Il réside à l'Abergement Clémenciat chez DURAND (1911), Amareins chez
PELLORDET (1912), Amareins rue de Montmerle chez MASSON (1913) et juste
avant la mobilisation à Guéreins chez VINTEJOUX.
Liste électorale Amareins 1913.
La guerre
Pierre GEOFFRE est mobilisé le 3/08/1914 au 133e RI 11e compagnie.
Il est tué le 30/07/1916 au combat de la Somme à Curlu.
Il est cité à l'ordre de la Division le 12/08/1916 : "Tombé
glorieusement à l'ennemi en montant à l'assaut sous un violent tir de
barrage".
Croix de guerre.
Il est inhumé à la
Nécropole Nationale de Biaches tombe Numéro 301.
|
Historique du 133e RI |
Dont extraits : Enfin, le 29 juillet, vers 22 heures,
arriva brusquement en première ligne l'ordre d'attaque pour le
lendemain, au petit jour. Le jour « J » serait le 30 ; l'heure « H », 5
heures 45. Notre artillerie se taisait et ce silence inaccoutumé
étreignait les cœurs. Mais vers minuit, les canons allemands se
réveillèrent et commencèrent à battre systématiquement nos positions.
C'est sous les obus que se placèrent les unités d'attaque, que se
distribuèrent les vivres et les munitions d'assaut. Enfin notre
artillerie entama à son tour le branle. A l'éclatement des 105 fusants
autour de nous se mêlait le bruissement soyeux de nos 75 qui allaient
faire terrer les Saxons.
Le régiment devait attaquer en liaison à droite avec un régiment mixte
de zouaves et de tirailleurs, à gauche avec le 23e. Les limites de la
zone d'attaque étaient les suivantes : à gauche, la corne sud ouest du
bois de Hem, puis une ligne fictive allant de cette corne au bois des
Ouvrages et au point 440 de la deuxième position allemande ; a droite,
la route Hem-ferme de Monacu. L'assaut devait être poussé sans arrêt
jusqu'à l'objectif final, la tranchée de Hanovre, le long de la route de
Maurepas-Cléry.
Quant aux bataillons d'assaut, ce seraient le 2e à droite, le 3e à
gauche. Le Ier bataillon qui restait en réserve viendrait tenir,
aussitôt l'assaut déclenché, les positions de départ des deux autres
bataillons : Ire compagnie derrière le 2e bataillon, 2e compagnie
derrière le 3e bataillon. La 3e compagnie demeurerait en réserve de
brigade.
A 5 heures 45, l'attaque se déclencha sur tout le front
franco-britannique au nord de la Somme, sur un terrain coupé de bois, de
chemins creux et de carrières, propice dès lors à la défense. Nos
soldats se jetèrent en avant sous les rafales de 75 qui miaulaient
au-dessus des têtes. Le barrage de l'artillerie ennemie vint s'écraser
derrière eux. Mais un épais brouillard empêcha les sections
d'auto-canons et d'automitrailleuses d'assurer la progression, en
aveuglant les résistances ennemies qui se dévoileraient.
A gauche, le 3e bataillon (capitaine Piébourg), collant aux obus, entra
dans le bois de Hem, s'empara de la Carrière en pipe, atteignit le
Tortillard et la station de Hem. L'arrêt d'abord prévu sur la voie
ferrée avait été expressément interdit par le dernier ordre : il
s'agissait d'atteindre, d'un seul élan, sans se préoccuper des voisins,
l'objectif final : les 9e et 11e compagnies poussèrent donc droit devant
elles, sur le bois des Ouvrages, égrenant sur leurs traces les groupes
de nettoyage qui s'occupèrent de fouiller fossés, boqueteaux, chemins
creux où s'abritait le Boche. La 10e atteignit, de son côté, la lisière
est du bois de Hem, éparpillant aussi derrière elles ses nettoyeurs,
puisque, sous prétexte d'économiser des forces, on imposait aux mêmes
unités la double tâche de progresser au pas de charge et de nettoyer.
Mais des coups de feu et des rafales drues de mitrailleuses éclataient
de toutes parts et jusque dans le dos des premières vagues ; des
silhouettes surgissaient du brouillard, coiffées d'un casque étrange.
Étaient-ce des nôtres ? Etaient-ce des Anglais ?
C'étaient hélas! des Allemands. Leurs troupes, qui n'avaient pas été
inquiétées par notre artillerie durant la nuit précédente, étaient au
coude à coude dans les tranchées très peu détruites, et leurs unités de
contre-attaque, rassemblées intactes à quelque distance de la première
ligne, étaient prêtes à s'élancer et à saisir, comme dans un piège à
ressort, les éléments qui auraient pu percer.
Plus à gauche le bataillon Roullet, du 23e, dont la position de départ
était en retrait sur celle du 3e bataillon, avait été fauché par les
mitrailleuses sur le glacis qui précédait le bois de Hem. Il n'avait pas
pu en aborder même la lisière et, de toute la partie nord non nettoyée,
sortaient des grenadiers boches qui prirent à revers la 10e compagnie.
D'autres prirent de flanc la 11e, qui les chargea héroïquement, mais vit
tous ses officiers tomber successivement sous les balles. La ge, elle
aussi, était découverte sur son flanc droit, car le deuxième bataillon
avait été arrêté, comme nous le verrons ensuite. Prise sous les feux de
front du bois Croisette et les feux de flanc du bois du Ver, elle
tournoya. Les Allemands s'infiltraient, dans le brouillard, entre le
peloton d'assaut et les deux sections laissées au nettoyage delà
carrière en pipe et delà station. Impossible de se voir, tant la brume
était épaisse, et de se prêter un mutuel appui. Les mitrailleuses,
placées en échelon sur les flancs, ne pouvaient pas tirer à travers ce
voile opaque. En quelques minutes, comme un navire disloqué par la
tempête, le bataillon fut submergé par les contre-attaques. Le capitaine
Piébourg rallia, entre la corne du bois de Hem et la Carrière en pipe,
les éléments restés autour de lui. Il fut blessé et passa le
commandement au capitaine adjudant-major Martin. Un peloton de la 2e
compagnie accourut à la rescousse ; avec lui et avec les deux dernières
sections de nettoyage de la 10e
compagnie et une de la 11e, on chercha à rejoindre les premières vagues,
mais une barrière de mitrailleuses arrêta la progression ; les Allemands
cherchaient même à s'infiltrer, à gauche, dans le trou produit par
l'arrêt du 23e, pour cerner ce qui restaitdu bataillon : un peloton de
la 2e compagnie les arrêta. Les débris du 3e bataillon, accrochés en
flèche jusqu'au 3 septembre à la corne du bois de Hem et à la Carrière
en pipe, allaient permettre au reste du régiment, comme nous allons le
voir, de manœuvrer par le flanc l'ouvrage de Tatoï et de l'emporter
après cinq jours de lutte.
A droite, le 2e bataillon (commandant Thouzelier), parti à l'heure « H »
avec une résolution magnifique, s'était heurté à l'ouvrage de Tatoï
énergiquement détendu et au feu meurtrier des mitrailleuses ennemies qui
crachaient la mort sans arrêt. Malgré cela, les premières sections,
commandées par le lieutenant Dementhon et l'aspirant Sèbe, pénétrèrent
dans le fortin en même temps que les éléments de la 7e y arrivaient par
le Sud. A ce moment les deux chefs de section de la 6e furent tués ; le
sergent Cruiziat de la 7e fut blessé par les ennemis qui l'entouraient ;
le sous-lieutenant Laforce reçut une forte commotion par l'explosion
d'un obus. Les Allemands, contre-attaquant à la grenade, réussirent à
mettre leurs mitrailleuses en action, et nos hommes durent refluer du
fortin vers la tranchée de départ. En vain le capitaine Dumont essaya
d'y pénétrer avec les deux autres sections de la 6e compagnie. En vain
le lieutenant Oudot, bien que blessé, pénétra à son tour dans le ravin
au nord du fortin où il fit quelques prisonniers. Les mitrailleuses
obligèrent à reculer. On ne put que se cramponner dans la carrière entre
le fortin et la tranchée de départ et sur le mouvement de terrain qui
séparait les deux ravins, réunissant le fortin aux carrières du 3e
bataillon. Le brouillard qui se levait montrait les ouvrages de Tatoï
garnis d'ennemis. Nos mitrailleuses et nos canons de 37 purent alors
entrer en action, permettant à nos éléments avancés de gratter la terre
et de s'abriter.
Une fois la situation nettement établie, le lieutenant-colonel Baudrand
prescrivit au chef de bataillon Thouzelier de pousser de l'avant, en
négligeant l'ouvrage de Tatoï, pendant que les compagnies de réserve
profiteraient du brouillard pour se porter, la 2e à la carrière nord, la
Ire dans la carrière au sud du bois de l'Observation. Le commandant
Touzelier, laissant une fraction de la 5e compagnie fixée sur Tatoï,
forma une compagnie de manœuvre (débris de la 6c, trois sections de la
5e) pour déborder l'ouvrage par le Nord. Cette compagnie, commandée par
le capitaine Dumont, partit baïonnette au canon, mais sa droite fut
immédiatement arrêtée par le feu violent des défenseurs de Tatoï. Le
capitaine Dumont et le lieutenant Oudot furent blessés. La gauche de la
compagnie, qui avait pu pénétrer dans la partie nord de l'ouvrage, se
heurta au bataillon ennemi arrivant de l'Est, après avoir contre-attaqué
notre 3e bataillon, et elle fut obligée de se replier devant le feu d'un
adversaire dix fois supérieur en nombre. Les débris de la compagnie
s'installèrent dans les trous d'obus à une trentaine de mètres des
Boches et y restèrent, essayant de se relier les uns aux autres par de
petites tranchées creusées à l'outil portatif.
Aux environs de 9 heures 30, le brouillard avait disparu
; des avions français, qui survolaient la position, firent connaître que
toute la ligne du Tortillard de l'Est était signalée comme occupée par
nous. Mis au courant de ces faits, les commandants des 2e et 3e
bataillons firent des efforts incessants pour se relier à ces troupes,
mais, les patrouilles ne revenant pas, les mitrailleuses crachant dès
que le moindre mouvement se produisait dans nos lignes, l'accalmie se
fit forcément, en attendant le soir. A la nuit, le régiment s'organisa
sur les positions tenues, en attendant qu'une nouvelle préparation
d'artillerie permît à une nouvelle offensive de continuer la progression
après l'écrasement de l'ouvrage de Tatoï, qui avait constitué la pierre
angulaire de la résistance boche. La journée avait été rude et
meurtrière pour les deux bataillons engagés en première ligne. Leurs
pertes étaient sérieuses et les survivants avaient dû rester plus de
douze heures à 30 mètres des Boches, sans pouvoir faire un mouvement,
sous le feu incessant de l'infanterie ennemie et sous un soleil de
plomb. « Quelle soif il faisait », devaient dire plus tard les poilus !
|