Saint Julien sur Veyle
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GEOFFRE Pierre


Ses origines

Pierre GEOFFRE est né le 13/10/1888 à Sulignat chez sa grand mère veuve TREBEAUD.
Sa mère Claudine TREBEAUD avait 17 ans.
Il a pris le nom de GEOFFRE lors du mariage de sa mère avec Antoine GEOFFRE à Sulignat le 10/11/1892.
Son père était ouvrier tuilier et était né à Saint Etienne sur Chalaronne le 7/12/1868.

Signalement

Le service des armées ne prenait pas de photos des militaires au moment du service militaire mais notait une description de chaque homme.
Pierre GEOFFRE mesurait 1.72 m; il avait les cheveux brun et les yeux roux.

Sa vie avant la guerre
 


Recensement Sulignat 1896 - Le bourg -

Sa mère décède à Sulignat le 22/04/1898
Son père se remarie le 25/08/1905 à Saint Julien sur Veyle avec Marie DEPLANCHE née à Sulignat en 1867.


Recensement Saint Julien sur Veyle 1906 - Le bourg -


Au moment du conseil de révision Pierre GEOFFRE exerçait le métier de cultivateur à Saint Julien sur Veyle.
Il est incorporé au 133e RI le 8/10/1909.
Il est libéré le 1/10/1911.
Il réside à l'Abergement Clémenciat chez DURAND (1911), Amareins chez PELLORDET (1912), Amareins rue de Montmerle chez MASSON (1913) et juste avant la mobilisation à Guéreins chez VINTEJOUX.


Liste électorale Amareins 1913.

La guerre

Pierre GEOFFRE est mobilisé le 3/08/1914 au 133e RI 11e compagnie.
Il est tué le 30/07/1916 au combat de la Somme à Curlu.
Il est cité à l'ordre de la Division le 12/08/1916 : "Tombé glorieusement à l'ennemi en montant à l'assaut sous un violent tir de barrage".
Croix de guerre.
Il est inhumé à la Nécropole Nationale de Biaches tombe Numéro 301.

Historique du 133e RI

Dont extraits : Enfin, le 29 juillet, vers 22 heures, arriva brusquement en première ligne l'ordre d'attaque pour le lendemain, au petit jour. Le jour « J » serait le 30 ; l'heure « H », 5 heures 45. Notre artillerie se taisait et ce silence inaccoutumé étreignait les cœurs. Mais vers minuit, les canons allemands se réveillèrent et commencèrent à battre systématiquement nos positions. C'est sous les obus que se placèrent les unités d'attaque, que se distribuèrent les vivres et les munitions d'assaut. Enfin notre artillerie entama à son tour le branle. A l'éclatement des 105 fusants autour de nous se mêlait le bruissement soyeux de nos 75 qui allaient faire terrer les Saxons.
Le régiment devait attaquer en liaison à droite avec un régiment mixte de zouaves et de tirailleurs, à gauche avec le 23e. Les limites de la zone d'attaque étaient les suivantes : à gauche, la corne sud ouest du bois de Hem, puis une ligne fictive allant de cette corne au bois des Ouvrages et au point 440 de la deuxième position allemande ; a droite, la route Hem-ferme de Monacu. L'assaut devait être poussé sans arrêt jusqu'à l'objectif final, la tranchée de Hanovre, le long de la route de Maurepas-Cléry.
Quant aux bataillons d'assaut, ce seraient le 2e à droite, le 3e à gauche. Le Ier bataillon qui restait en réserve viendrait tenir, aussitôt l'assaut déclenché, les positions de départ des deux autres bataillons : Ire compagnie derrière le 2e bataillon, 2e compagnie derrière le 3e bataillon. La 3e compagnie demeurerait en réserve de brigade.
A 5 heures 45, l'attaque se déclencha sur tout le front franco-britannique au nord de la Somme, sur un terrain coupé de bois, de chemins creux et de carrières, propice dès lors à la défense. Nos soldats se jetèrent en avant sous les rafales de 75 qui miaulaient au-dessus des têtes. Le barrage de l'artillerie ennemie vint s'écraser derrière eux. Mais un épais brouillard empêcha les sections d'auto-canons et d'automitrailleuses d'assurer la progression, en aveuglant les résistances ennemies qui se dévoileraient.
A gauche, le 3e bataillon (capitaine Piébourg), collant aux obus, entra dans le bois de Hem, s'empara de la Carrière en pipe, atteignit le Tortillard et la station de Hem. L'arrêt d'abord prévu sur la voie ferrée avait été expressément interdit par le dernier ordre : il s'agissait d'atteindre, d'un seul élan, sans se préoccuper des voisins, l'objectif final : les 9e et 11e compagnies poussèrent donc droit devant elles, sur le bois des Ouvrages, égrenant sur leurs traces les groupes de nettoyage qui s'occupèrent de fouiller fossés, boqueteaux, chemins creux où s'abritait le Boche. La 10e atteignit, de son côté, la lisière est du bois de Hem, éparpillant aussi derrière elles ses nettoyeurs, puisque, sous prétexte d'économiser des forces, on imposait aux mêmes unités la double tâche de progresser au pas de charge et de nettoyer. Mais des coups de feu et des rafales drues de mitrailleuses éclataient de toutes parts et jusque dans le dos des premières vagues ; des silhouettes surgissaient du brouillard, coiffées d'un casque étrange. Étaient-ce des nôtres ? Etaient-ce des Anglais ?
C'étaient hélas! des Allemands. Leurs troupes, qui n'avaient pas été inquiétées par notre artillerie durant la nuit précédente, étaient au coude à coude dans les tranchées très peu détruites, et leurs unités de contre-attaque, rassemblées intactes à quelque distance de la première ligne, étaient prêtes à s'élancer et à saisir, comme dans un piège à ressort, les éléments qui auraient pu percer.
Plus à gauche le bataillon Roullet, du 23e, dont la position de départ était en retrait sur celle du 3e bataillon, avait été fauché par les mitrailleuses sur le glacis qui précédait le bois de Hem. Il n'avait pas pu en aborder même la lisière et, de toute la partie nord non nettoyée, sortaient des grenadiers boches qui prirent à revers la 10e compagnie. D'autres prirent de flanc la 11e, qui les chargea héroïquement, mais vit tous ses officiers tomber successivement sous les balles. La ge, elle aussi, était découverte sur son flanc droit, car le deuxième bataillon avait été arrêté, comme nous le verrons ensuite. Prise sous les feux de front du bois Croisette et les feux de flanc du bois du Ver, elle tournoya. Les Allemands s'infiltraient, dans le brouillard, entre le peloton d'assaut et les deux sections laissées au nettoyage delà carrière en pipe et delà station. Impossible de se voir, tant la brume était épaisse, et de se prêter un mutuel appui. Les mitrailleuses, placées en échelon sur les flancs, ne pouvaient pas tirer à travers ce voile opaque. En quelques minutes, comme un navire disloqué par la tempête, le bataillon fut submergé par les contre-attaques. Le capitaine Piébourg rallia, entre la corne du bois de Hem et la Carrière en pipe, les éléments restés autour de lui. Il fut blessé et passa le commandement au capitaine adjudant-major Martin. Un peloton de la 2e compagnie accourut à la rescousse ; avec lui et avec les deux dernières sections de nettoyage de la 10e compagnie et une de la 11e, on chercha à rejoindre les premières vagues, mais une barrière de mitrailleuses arrêta la progression ; les Allemands cherchaient même à s'infiltrer, à gauche, dans le trou produit par l'arrêt du 23e, pour cerner ce qui restaitdu bataillon : un peloton de la 2e compagnie les arrêta. Les débris du 3e bataillon, accrochés en flèche jusqu'au 3 septembre à la corne du bois de Hem et à la Carrière en pipe, allaient permettre au reste du régiment, comme nous allons le voir, de manœuvrer par le flanc l'ouvrage de Tatoï et de l'emporter après cinq jours de lutte.
A droite, le 2e bataillon (commandant Thouzelier), parti à l'heure « H » avec une résolution magnifique, s'était heurté à l'ouvrage de Tatoï énergiquement détendu et au feu meurtrier des mitrailleuses ennemies qui crachaient la mort sans arrêt. Malgré cela, les premières sections, commandées par le lieutenant Dementhon et l'aspirant Sèbe, pénétrèrent dans le fortin en même temps que les éléments de la 7e y arrivaient par le Sud. A ce moment les deux chefs de section de la 6e furent tués ; le sergent Cruiziat de la 7e fut blessé par les ennemis qui l'entouraient ; le sous-lieutenant Laforce reçut une forte commotion par l'explosion d'un obus. Les Allemands, contre-attaquant à la grenade, réussirent à mettre leurs mitrailleuses en action, et nos hommes durent refluer du fortin vers la tranchée de départ. En vain le capitaine Dumont essaya d'y pénétrer avec les deux autres sections de la 6e compagnie. En vain le lieutenant Oudot, bien que blessé, pénétra à son tour dans le ravin au nord du fortin où il fit quelques prisonniers. Les mitrailleuses obligèrent à reculer. On ne put que se cramponner dans la carrière entre le fortin et la tranchée de départ et sur le mouvement de terrain qui séparait les deux ravins, réunissant le fortin aux carrières du 3e bataillon. Le brouillard qui se levait montrait les ouvrages de Tatoï garnis d'ennemis. Nos mitrailleuses et nos canons de 37 purent alors entrer en action, permettant à nos éléments avancés de gratter la terre et de s'abriter.
Une fois la situation nettement établie, le lieutenant-colonel Baudrand prescrivit au chef de bataillon Thouzelier de pousser de l'avant, en négligeant l'ouvrage de Tatoï, pendant que les compagnies de réserve profiteraient du brouillard pour se porter, la 2e à la carrière nord, la Ire dans la carrière au sud du bois de l'Observation. Le commandant Touzelier, laissant une fraction de la 5e compagnie fixée sur Tatoï, forma une compagnie de manœuvre (débris de la 6c, trois sections de la 5e) pour déborder l'ouvrage par le Nord. Cette compagnie, commandée par le capitaine Dumont, partit baïonnette au canon, mais sa droite fut immédiatement arrêtée par le feu violent des défenseurs de Tatoï. Le capitaine Dumont et le lieutenant Oudot furent blessés. La gauche de la compagnie, qui avait pu pénétrer dans la partie nord de l'ouvrage, se heurta au bataillon ennemi arrivant de l'Est, après avoir contre-attaqué notre 3e bataillon, et elle fut obligée de se replier devant le feu d'un adversaire dix fois supérieur en nombre. Les débris de la compagnie s'installèrent dans les trous d'obus à une trentaine de mètres des Boches et y restèrent, essayant de se relier les uns aux autres par de petites tranchées creusées à l'outil portatif.

Aux environs de 9 heures 30, le brouillard avait disparu ; des avions français, qui survolaient la position, firent connaître que toute la ligne du Tortillard de l'Est était signalée comme occupée par nous. Mis au courant de ces faits, les commandants des 2e et 3e bataillons firent des efforts incessants pour se relier à ces troupes, mais, les patrouilles ne revenant pas, les mitrailleuses crachant dès que le moindre mouvement se produisait dans nos lignes, l'accalmie se fit forcément, en attendant le soir. A la nuit, le régiment s'organisa sur les positions tenues, en attendant qu'une nouvelle préparation d'artillerie permît à une nouvelle offensive de continuer la progression après l'écrasement de l'ouvrage de Tatoï, qui avait constitué la pierre angulaire de la résistance boche. La journée avait été rude et meurtrière pour les deux bataillons engagés en première ligne. Leurs pertes étaient sérieuses et les survivants avaient dû rester plus de douze heures à 30 mètres des Boches, sans pouvoir faire un mouvement, sous le feu incessant de l'infanterie ennemie et sous un soleil de plomb. « Quelle soif il faisait », devaient dire plus tard les poilus !