Saint Etienne / Reyssouze
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MOREL Auguste


Ses origines


Auguste MOREL est né le 16/07/1889 à Curciat Dongalon au hameau de la Varna.
Son père Baptiste MOREL avait 28 ans et était cultivateur.
Sa mère Alphonsine née CHARVET avait 20 ans.
 

Signalement

Le service des armées ne prenait pas de photos des militaires au moment du service militaire mais notait une description de chaque homme.
Auguste MOREL mesurait 1.58 m; il avait les cheveux brun et les yeux gris.
Au niveau instruction générale il est classé 2 : sait lire et écrire.
 

Sa vie avant la guerre


Auguste MOREL avait un frère Henri né le 18/08/1890 à Curciat Dongalon au hameau de la Varna ; marié le 28/10/1913 à Romenay avec Adelphine COLIN; décédé à Romenay le 17/04/1947.

Au moment du conseil de révision Auguste MOREL exerçait le métier de cultivateur à Saint Trivier de Courtes.
Il est incorporé au 133e RI le 1/10/1910.
Il est libéré le 25/09/1912
Fin 1912 il s'installe à Saint Etienne sur Reyssouze au hameau de Corcelles.
Auguste MOREL se marie le 16/10/1913 à Saint Etienne sur Reyssouze avec Marie Louise DESPLANCHES demeurant et née à Saint Etienne sur Reyssouze le 2/05/1879.


Liste électorale Saint Etienne sur Reyssouze 1914.

Le couple a eu une fille Marguerite née à Saint Etienne sur Reyssouze au bourg le 6/08/1914; mariée à Pont de Vaux le 26/06/1935 avec Emile DEPLANCHE.
 

La guerre

Auguste MOREL est mobilisé le 2/08/1914 au 133e RI.
Il est tué à Uffholz aux combats des 9 et 10/08/1914.
Il est inhumé à la Nécropole nationale de Cernay Département : 68 - Haut-Rhin Ossuaire 2.

Historique du 133e régiment d'infanterie.

Le lendemain, 9 août, la matinée se passa sans incidents. Des patrouilles d'éclaireurs à cheval avaient seulement signalé l'apparition des cavaliers ennemis sur les crêtes en arrière de Wattwiller.
C'était dimanche. Vers 11 heures, au moment où la population, sortant des offices, emplissait les rues, un 77 siffla sur la ville et y éclata. En même temps on percevait, dans la direction d'Uffholz, des crépitements de mitrailleuses.
Nos avant-postes étaient assaillis par des forces très considérables comprenant quatre régiments de troupes actives venus dans la nuit de Strasbourg par voie ferrée et débarqués à quelques kilomètres de Cernay. La cavalerie ennemie débouchait de Wattwiller, tandis que l'infanterie s'avançait entre les routes de Soultz et de Colmar.
Alerté, le régiment prit ses positions de combat et se déploya en arc, en avant de Cernay. Tandis que les 6e et 7e compagnies tenaient toujours à Uffholz, des éléments du Ier bataillon s'installèrent à leur gauche, à Steinbach. Le 3e bataillon resta à Cernay, occupant la gare au sud et la fabrique Schwarz au nord du village, s'appuyant à droite sur la Thur. Le reste du régiment (2e, 3e, 4e et 5e compagnies) alla s'établir au nord-ouest de Cernay, en arrière du ravin de Steinbach, sur des pentes couvertes de vignes (cote 425) et se mit à ébaucher des tranchées. Le combat était engagé et il fut de suite très violent. Les Allemands se faufilaient dans les champs et leurs uniformes se confondaient avec la couleur du blé. Ils avançaient par bonds de tirailleurs et bientôt l'on reconnut, à l'accent guttural, leurs cris de commandement.
A 12 heures, l'ennemi avait ouvert le feu sur Uffholz et allait y porter son principal effort. Les deux compagnies qui tenaient le village résistèrent héroïquement, ne cédant le terrain que pas à pas, tirant sans cesse, utilisant la moindre haie ou le plus petit talus. Elles infligèrent de fortes pertes à l'ennemi, mais dans ses rangs les vides étaient comblés aussitôt faits. Le lieutenant Glénat de la 7e compagnie, recevant l'ordre de se replier, fit répondre : « La section Glénat meurt, mais ne recule pas. » Parole de paladin, mais parole tenue! D'un seul coup les soldats du 133e étaient entrés dans l'héroïsme. L'épopée de gloire était commencée. Effectivement, le lieutenant Glénat tomba mortellement blessé à l'endroit où il avait tenu jusqu'au bout.
Dans la plaine, le combat était général. La bataille faisait rage du côté de Mulhouse, où étaient engagées les autres troupes de la brigade; de toutes parts, des maisons en flammes, s'élevaient d'épais nuages de fumée.
Vers 14 heures, l'ennemi parvint à prendre pied dans Uffholz, submergeant par le nombre les défenseurs qui avaient pourtant tenu trois heures. Le 3e bataillon, qui jusque là n'avait pas eu à subir un choc bien violent, se trouva de ce fait découvert sur sa gauche. L'ennemi devint alors plus pressant. Attaqué de front, de flanc, et recevant dans le dos des coups de feu tirés par les Boches en civil restés à Cernay, le bataillon, malgré sa résistance pied à pied, dut reculer en arrière de la ville. Il s'établit à la fabrique Witz et sur les pentes de la hauteur 375 au sud de Steinbach.
Ce repli avait permis aux Allemands de faire avancer leurs pièces à la lisière du village. Bien défilée, derrière un réseau d'arbres, de nos 75, qui, ne pouvant prendre position sur les hauteurs, furent obligés de se replier sur Vieux-Thann, l'artillerie allemande prit d'écharpe les compagnies avancées du Ier bataillon et les contraignit à évacuer Steinbach, pour reculer plus au Sud sur la ligne tenue par les 2e et 3e compagnies Mais au moment où la Ire ligne allemande abordait la crête qui descend de Steinbach à Cernay, et allait atteindre le calvaire, elle fut prise sous le feu violent de la section de mitrailleuses du Ier bataillon (lieutenant Combe), embusquée à courte distance. Une compagnie de chez nous qui se repliait fit immédiatement demi-tour et rejeta à la baïonnette les Boches surpris. Maîtres de Steinbach, les Allemands s'étaient infiltrés dans les bois au nord, cherchant visiblement à tourner notre gauche.
Par ailleurs, ses mitrailleuses, installées maintenant à Steinbach et sur la crête Steinbach-Cernay, arrosaient, dru comme grêle, les pentes couvertes de vignes où le gros du régiment avait ébauché des tranchées pour tireurs à genoux. Mais malgré les pertes dues à la couleur vo/ante de leurs pantalons rouges, cibles trop faciles pour les Allemands dont elles-mêmes distinguaient mal les « feldgrauen », nos soldats tenaient toujours sur les positions du matin que l'ennemi n'avait pu entamer.
Vers 16 heures, par suite des progrès de l'adversaire sur la gauche, ils durent s'établir sur une crête plus au Sud. A 18 heures 30 ils y repoussaient encore une attaque générale. Anxieusement, nos hommes regardaient la trouée du chemin de fer reliant en droite ligne Cernay à Mulhouse, à travers la forêt de Nonenbruck. On espérait confusément voir déboucher par là le 23e ou d'autres éléments de la division. Vers 19 heures 30, pris en enfilade par des mitrailleuses et devant la menace d'enveloppement de l'ennemi dont, presque derrière soi, on entendait les clairons sonner, lugubres, l'assaut dans le ravin de Steinbach, le régiment dut suivre le mouvement de retraite de la brigade et se retirer. Il se rapprocha, en combattant, de Vieux-Thann où la nuit le trouva. Épuisés par le combat, nos soldats barricadèrent l'entrée du village, et, après s'être jetés sur les fontaines afin de se désaltérer, s'étendirent pour dormir le long des murs et de chaque côté des rues.
Ainsi prenait fin ce combat de Cernay où le 133e qui venait de recevoir le baptême du feu, avait manifesté les plus belles qualités combattives. Nos soldats s'étaient en effet battus pendant près de dix heures sur un terrain surchauffé par un soleil de plomb, sans avoir mangé et sans rien autre à boire que l'eau trop chaude des bidons, au milieu de vignes dont les échalas, courant sur des fils de fer perpendiculaires au front de combat, rendaient la direction très difficile et la liaison presque impossible. Chaque section, isolée des autres mais animée de la volonté de vaincre et faisant preuve d'intelligente initiative, avait su résister seule, contre-attaquant d'elle-même, dès qu'elle avait été contrainte à céder un peu de terrain.
Sans soutien d'artillerie, attaqué par un ennemi quatre fois supérieur en nombre, le régiment avait tenu toute la journée sur ses positions.
Il n'avait reculé qu'au moment où, débordé à sa gauche par les bois qui n'étaient pas tenus, à sa droite par la plaine et la forêt de Nonenbruck où il n'y avait que de fai bles fractions de chasseurs à pied pour relier 133e et 23e, il s'était vu dans une position critique.
Et avant de céder le terrain, il avait infligé de telles pertes à l'ennemi que celui-ci, épuisé, loin de les poursuivre, courut le soir s enfermer dans Cernay, sans même penser à se couvrir par des avant-postes. Il faut songer à tout cela pour avoir une idée des qualités de sang-froid et de bravoure que venaient de déployer des troupes qui voyaient le feu pour la première fois.
Les pertes, sans être très élevées, étaient sensibles. Le lieutenant Bonnefoy avait été mortellement blessé ; le lieutenant Goujon, tué dans un corps à corps ; le lieutenant May, tué d'une balle, alors qu'au mépris de tout danger, dressant sa haute silhouette au-dessus des ceps, il touillait le terrain à la jumelle ; le lieutenant Glénat, ramassé par les Allemands sur le champ de bataille, devait mourir de ses blessures après quelques jours de captivité. Des éléments avancés et le service -médical du Ier bataillon avaient été faits prisonniers.
Toute la nuit, sous les ordres du docteur Épaulard, qui bien que blessé n'avait pas voulu abandonner ses fonctions, les brancardiers circulèrent sur le champ de bataille et ramenèrent les blessés à Vieux-Thann. Quelques civils en transportèrent également un grand nombre et parmi eux, un blessé à la cuisse, l'adjudant-chef Rousset, de la 2e compagnie, qui de son brancard commandait, aussi correctement qu'à l'exercice, un groupe d'isolés qu'il avait ralliés.
Si, de notre côté, la nuit était venue apporter une trêve au combat, il n'en était pas de même du côté de Mulhouse où la bataille continuait toujours. En lisière de Cernay, une batterie allemande, dont on apercevait les lueurs de départ, tirait sans arrêt sur Aspach et Mulhouse ; on voyait éclater des fusants, et la lueur sinistre des maisons qui brûlaient éclairait la plaine où se mourait lentement la première bataille. Peu après cependant tout se tut et, dans le silence nocturne, on n'entendit plus que le roulement des convois français et allemands.
A 22 heures 30, alerte ! Laissant au Vieux-Thann le Ier bataillon, le régiment fut dirigé à nouveau sur Cernay pour appuyer le mouvement du i 5e chasseurs en vue d'une offensive projetée pour le lendemain. Sur la foi des renseignements donnés, il comptait trouver le village occupé par les chasseurs, alors qu'en réalité ces derniers n'avaient pu s'y maintenir. Il s'avança donc sur la route en colonne par quatre, quand, vers l'auberge de la Croisière, il se heurta aux Allemands qui débouchaient de Cernay. De part et d'autre, dans l'obscurité, la surprise fut grande. Engageant la fusillade, nos soldats se déployèrent en toute hâte dans les champs.
Affolés, les Boches mirent le feu aux premières maisons pour « s'éclairer ». On entendait les clairons ennemis sonner l'alerte, les canons rouler sur les pavés de la ville. Mais notre avance n'avait pour but que d'appuyer les chasseurs et devenait inutile, puisque leur mouvement n'avait pas réussi.
Ordre fut donc donné de se replier en direction d'Aspach-le-Bas.


Détail des pertes du 133e RI