Mézériat
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BERTHILIER Marcel Jean Marie
Ses origines
Marcel Jean Marie BERTHILIER est né le 2/09/1889 à Mézériat au hameau de
Vaudrenant.
Son père Louis Henri avait 39 ans et était tisserand.
Sa mère Mariette née SERVIGNAT avait 30 ans.
Signalement
Le service des armées ne prenait pas de photos des militaires au moment
du service militaire mais notait une description de chaque homme.
Marcel Jean Marie BERTHILIER mesurait 1.71 m; il avait les cheveux brun
et les yeux roux.
Au niveau instruction générale il est classé 3 : sait lire écrire et
compter.
Sa vie avant la guerre
Recensement Mézériat 1896 - Vaudrenant -
- Marie Henri François né à Mézériat le 11/10/1879; marié le 28/12/1904 à
Perrex avec Marie Anna Joséphine BERTHOUX; décédé à Charnay les Macon le
14/05/1965.
Recensement Mézériat 1906 - Vaudrenant -
Au moment du conseil de révision Marcel Jean Marie BERTHILIER exerçait le métier
de cultivateur.
Il est incorporé au 133e RI le 1/10/1910.
Il est libéré le 25/09/1912.
Liste électorale Mézériat 1914.
La guerre
Marcel Jean Marie BERTHILIER est mobilisé le 2/08/1914 au 133e RI.
Il est blessé et évacué le 29/08/1916 à l'hôpital temporaire d'Amiens;
il revient aux armées le 24/09/1916.
Il est cité à l'ordre du régiment le 9/09/1916 : "D'un calme et d'un
sang froid admirables; a toujours vaillamment accompli son devoir et a
montré un dévouement tout particulier pour l'organisation de la position
conquise lors de l'attaque du 1/08/1916."
Il est blessé à Chauffour par éclat d'obus et évacué le 14/04/1917 vers
l'hôpital auxiliaire de Melun; il revient le 22/05/1917.
Il est évacué pour gelures des pieds le 12/11/1917; il revient au front
le 2/01/1918.
Il est blessé (entorse tibia tarsien gauche) et évacué sur l'hôpital
d'Auxerre le 3/06/1918.
Il a été affecté successivement à plusieurs compagnies :
Il est tué le 3/10/1918 à Hooglede.
Il est cité à l'ordre du régiment le 26/10/1918 : "Fusillier et
mitrailleur au front depuis le début de la campagne; blessé mortellement
au cours de l'attaque du 3/10/1918 en se portant à l'assaut d'une ferme
fortement défendue par des mitrailleuses ennemies".
Il est inhumé au
Carré militaire du cimetière communal Roeselare (Belgique) Tombe
723.
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Historique du 133e RI |
dont extraits : Enfin l'attaque attendue fut annoncée pour le
lendemain, 3 octobre.
De la première ligne, le secteur se présentait sous la forme d'un
immense tapis de billard, émaillé de haies, de boqueteaux, de maisons en
briques. L'horizon était barré, au Nord-Est, par un mouvement de terrain
où s'étageait Hooglede.
L'ennemi tenait solidement la position : c'était la fameuse « Flandern-Stellung
», la position des Flandres, que le régiment avait mission d'enfoncer.
L'attaque devait se faire sans préparation d'artillerie, avec un simple
tir d'accompagnement. Des tanks protégeraient et ouvriraient la marche.
Les objectifs étaient Hooglede et la route de Thourout à Roulers. Les
Ier et 2e bataillons étaient en première ligne ; le 3e, en réserve. Le
2e bataillon en liaison, à droite, à Vergelderhoek, avec le 15 2e R. I.
devait aborder Hooglede par le Sud, tandis que le Ier bataillon, avec la
11e compagnie, pour remplacer la 2e restée à Leyseelle par suite de la
grippe, attaquerait le village par le Nord, de concert avec le 168e R.
I. à sa gauche. Ordre était donné de pousser droit devant soi, sans
s'occuper de la progression des unités voisines, de ne céder à aucun
prix le terrain conquis, et même, s'il était nécessaire, de s'y laisser
entourer.
A 6 heures 15, les tanks du Ier bataillon n'étaient pas arrivés. Le
signal du départ fut néanmoins donné. La nuit enveloppait encore la
plaine, mais peu à peu les premières lueurs de l'aube grandirent dans le
ciel, en chassant les étoiles. La journée s'annonçait superbe.
Précédées d'un barrage d'obus fumigènes, les vagues de tirailleurs
s'élancèrent magnifiquement à l'assaut. A la vue des fusées rouges, les
batteries boches commencèrent de suite à pilonner le terrain d'attaque,
et, de leur côté, les « Maxims » se mirent à taper sans arrêt. A gauche,
la ire compagnie déboucha sans trop de difficultés, et s'empara des
fermes situées à 1 kilomètre au nord du carrefour de Sleyhaege. Mais, la
liaison ayant été perdue dès le début avec le 168e R. I., qui semblait
fixé sur ses emplacements, la compagnie recevait dans ses flancs des
tirs de mitrailleuses. Pour écarter cette menace, le sous-lieutenant
Reymond partit face au Nord, à la tête d'une section, mais il fut arrêté
par des défenses intactes et trouva là une mort héroïque. La compagnie,
qui avait pu continuer sa progression fut obligée de se couvrir contre
les mitrailleuses qui la prenaient en écharpe et se trouva finalement
déployée en entier face au Nord, avant d'avoir atteint le village.
Pendant ce temps, le jour était venu et les rayons d'un pâle soleil
commençaient à filtrer au ras de l'horizon, découvrant les vagues
d'assaut aux regards des observateurs ennemis. A droite du Ier
bataillon, la 3e compagnie, [prise sous le barrage, éprouva des pertes
sérieuses. Le lieutenant Briguet avait été blessé grièvement en
l'entraînant à l'assaut. Le sous-lieutenant Jarret, qui lui avait
succédé, était aussi blessé, mais n'en continua pas moins à mener le
combat avec les dix-sept survivants de sa compagnie. La progression fut
lente. Les abords de la route d'Hooglede, battus par les mitrailleuses,
étaient défendus avec énergie. Mais la témérité des nôtres vint à bout
de la résistance ennemie. Les tranchées furent nettoyées. Une section de
mitrailleuses boches, commandée par un aspirant, dut se 'rendre, au
complet. Un grand nombre de prisonniers et un important matériel
tombèrent entre nos mains. Nous étions maîtres de la route.
Il était 9 heures, quand le capitaine Janin, commandant provisoirement
le Ier bataillon, parvint aux lisières d'Hooglede avec une section de la
ire C. M., sous les ordres du lieutenant Roux, et une demi-section de la
3e compagnie. Il s'empara d'un canon antitank de 88. Mais, la Ire
compagnie ayant été arrêtée dans sa progression, le bataillon avait son
flanc gauche découvert, et de violents feux de mitrailleuses le
prenaient d'enfilade. Le capitaine Janin essaya néanmoins de faire
avancer ses hommes 'dans Hooglede. Une patrouille atteignit l'église.
Finalement, nos éléments s'installèrent à la lisière ouest du village.
La liaison était perdue, à droite, avec le 2e bataillon, arrêté dans sa
marche par la ferme Meiboomhoek.
Dans ces conditions, le capitaine Janin prit ses dispositions pour tenir
les lisières, en attendant de pouvoir continuer sa progression.
Les débris de la 3e compagnie, renforcés d'une section de réserve,
s'établirent, de chaque côté de la route, dans les premières maisons du
village. La 11e compagnie était en échelon, prête à intervenir.
Le lieutenant Roux disposa ses sections de mitrailleuses de façon à
balayer la rue principale.
A 9 heures 5, le 2e bataillon arrivait devant Koningshoek. Le capitaine
Janin, conformément aux ordres qu'il avait reçus de pousser toujours de
l'avant, se préparait à reprendre sa progression.
Mais un grave danger le menaçait sur sa gauche. En effet, le Boche,
grâce à ses moyens d'observation, avait pu, par ce temps très clair,
suivre nos mouvements. Et bientôt les uniformes gris vinrent se masser
dans les premières maisons d'Hooglede. Il était 10 heures.
A ce moment, une violente contre-attaque, appuyée par de l'artillerie et
des canons de tranchée,, se produisit sur la gauche et sur l'arrière du
petit groupe : l'ennemi, en force, cherchait à s'engouffrer dans
l'intervalle qui existait entre les Ire et 3e compagnies. Il progressa
rapidement et arriva sur nos hommes à distance de grenade.
La lutte fut dure. Mais les mitrailleuses de la section Péchard
fauchèrent les vagues ennemies à bout portant. Le servant de la première
pièce, le soldat Burlaty, avait ouvert le feu et ne cessa de tirer qu'au
moment où il fut abattu par un pétard boche lancé à bout portant. Son
cran et -son audace obligèrent l'ennemi à un temps d'arrêt. D'ailleurs
l'éveil avait été donné. De nos positions, fusils et mitrailleuses
crépitaient sans discontinuer. Une section de mitrailleuses du 2e
bataillon, arrivée depuis peu devant Koningshoek, put même prendre
l'ennemi d'enfilade.
La situation restait pourtant critique : le bataillon était débordé.
A tout prix il fallait le dégager. Le capitaine Janin était là, debout
et calme. Sa haute silhouette se détachait nettement au-dessus des
groupes de combat. Soudain il chancela. Une balle l'avait atteint au
côté. « Ah ! mon Dieu », cria-t-il, et ce fut tout. Les deux poumons
étaient traversés. Deux brancardiers l'emportèrent, mourant, au poste de
secours. La mort, si souvent bravée, avait fini par avoir raison de sa
vaillance, le couchant au milieu de ses hommes, à quelques mètres de
l'ennemi !
Le combat continua, mais le Boche avait perdu de son mordant.
Il était temps, car quelques-uns de ses éléments avaient déjà pénétré
dans notre position. Il fallait les refouler, si l'on voulait empêcher
le groupe de pointe d'être fait prisonnier. Le lieutenant Lescout vint
renforcer la ligne avec la 11e compagnie. Finalement l'entrée d'Hooglede
fut dégagée ; les éléments du Ier bataillon
purent se décrocher et se reformer à hauteur du 2e.
De son côté, dès le matin, le 2e bataillon, commandé par le capitaine
Combet, s'était jeté à droite de la fournaise. Les chars d'assaut étant
en retard, il partit seul, à 6 heures 15, et, sous un barrage
épouvantable, aborda les positions ennemies, ramassant de nombreux
prisonniers dans les blockhaus. Peu après, les tanks finirent par
arriver. Mais leur mission était périlleuse. Des hauteurs d'Hooglede,
installé en plein village, un 88 anti-tank avait ouvert le feu sur eux
et son tir les eut vite désorganisés. Un seul des chars put continuer le
mouvement, et, tirant à bout portant dans le créneau, parvint à réduire
un blockhaus, dont les douze occupants furent faits prisonniers. Les
mitrailleuses, qui subsistaient très nombreuses, firent subir au 2e
bataillon des pertes sérieuses, surtout en cadres.
A 8 heures 15, la 6e compagnie, qui avait eu deux officiers blessés, les
lieutenants Berthillier et Giraud, atteignit, avec la 7e compagnie, dont
le chef, le lieutenant Cottard, était tombé, la tranchée ennemie de la
2e Flandern-Stellung. A 9 heures 5, le bataillon était devant
Koeningshoek, mais il fut arrêté devant Meiboomhoek.
A cet endroit, la situation devint aussi critique que devant Hooglede.
La compagnie de réserve, la 5e, dut entrer en ligne pour s'opposer aux
éléments boches qui essayaient de se glisser sur les flancs du
bataillon. Elle permit au capitaine Combet de remettre de l'ordre dans
ses unités et de continuer l'attaque en procédant par infiltration. Il
s'empara de toutes les tranchées de la Flandern-Stellung et s'installa
dans Meiboomhoek. Toutefois il lui fut impossible d'en déboucher : à
gauche, des feux de mitrailleuses, venant d'Hooglede, le prenaient de nanc, et,
à droite, la liaison était perdue avec le 15 2e R. I. arrêté dans sa
progression. De ce côté d'ailleurs notre artillerie n'offrait aucun
appui.
Le premier, le 133e avait entamé la formidable position des Flandres.
L'ordre d'opérations n° 474 en fait foi : « L'attaque par le 133e a été
couronnée de succès. La position des Flandres est enfoncée entre
Hooglede et Meiboomhoek. » Le 3
octobre demeurera pour le régiment une date glorieuse : 120 prisonniers,
dont 3 officiers, 6 mitrailleuses lourdes, 15 mitrailleuses légères
restaient entre ses mains.
Mais les pertes avaient été douloureuses. En plus de celles déjà
connues, il faut citer la mort héroïque du sous-lieutenant Cancel,
décoré de la Légion d'honneur, et celle du brave sous-lieutenant
Martinod. Parmi les blessés, se trouvait un officier adoré de tout le
régiment, le commandant Mermod. Ce vaillant avait demandé au début de la
guerre à passer de la territoriale dans l'active, et il était arrivé au
133e comme sous-officier, en septembre 1914. Son courage légendaire et
son dévouement à toute épreuve lui avaient fait conquérir tous ses
galons sur le champ de bataille. La rosette d'officier de la Légion
d'honneur lui fut décernée peu après et vint justement récompenser
quatre années d'un héroïsme incomparable.
Le lendemain, 4 octobre, l'ordre fut donné de reprendre l'attaque.
Extrait des pertes du régiment.
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