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GRANGER Léon
Léon GRANGER est né le 10/03/1895 à Mézériat au hameau de Montfalcon.
Signalement
Sa vie avant la guerre
La guerre
Dont extraits : Les mouvements préalables s'accomplissent au petit jour. Il y a un peu d'encombrement ici ou là. Tout finit par se tasser. A 9 heures, les hommes sont en place et le colonel à son P. C. de la Grande Mine. A 9h 10, on met baïonnette au canon. A 9h 15, l'artillerie allonge soudainement son tir : toutes les premières vagues bondissent sur le parapet d'un élan magnifique, cependant qu'à gauche les cavaliers du 11e chasseurs à cheval s'élancent à toute allure et que les pièces du 47e désignées pour accompagner l'infanterie viennent se mettre en batterie tout près de nos lignes. Minute inoubliable qu'il faut avoir vécue si l'on veut comprendre ! Hélas ! quelque intense qu'ait été le bombardement, le Boche n'était pas anéanti. Il attendait. Quand les casques paraissent au-dessus du parapet un tir effroyable de fusil et de mitrailleuses se déchaîne, accompagné par le fracas des minen et des canons qui s'acharnent sur certains points. Les pièces d'accompagnement ont leurs chevaux tués et le plus grand nombre des hommes sont mis hors de combat. Nos vagues d'assaut sont prises de front par les mitrailleuses du point 202, de flanc par celles qui tirent de 230 et de 140. En cinq minutes, une bonne partie 21 des assaillants sont couchés sur le terrain bouleversé. Le capitaine DELARUE, de la 12e , est coupé en trois par une torpille qui l'atteint en plein corps; 27 hommes de sa compagnie tombent sur deux lignes, au pied du réseau, derrière le sous-lieutenant de BUYER. Tués aussi les capitaines MARCONNET et COLLILIEUX, les lieutenants OLIVIER, BOUCHER, PAUTHIER, DONNET, l'adjudant FEBVRE. Le lieutenant SCHNEIDER, commandant la 10e , est grièvement blessé et meurt dans un abri où on le retrouvera huit jours plus tard le visage et les mains dévorés par les rats. Le commandant DEVANT marche toujours en tête des débris du bataillon. Quand il est parvenu à proximité immédiate du fortin, il reçoit une balle en plein front et meurt sur- le champ. Non loin de lui agonise le sous-lieutenant RENAUD atteint d'une balle au ventre. De tous les commandants de compagnie, seul le capitaine REVERCHON n'est que blessé; les autres sont morts. Le sol est jonché de corps étendus sans vie. Quand, les jours suivants, il sera procédé à l'inhumation des morts, on ne trouvera pas moins de 218 cadavres des 12e , 11e , 9e et 8 e compagnies. Pendant que la tempête se déchaîne sinistrement, les vagues d'assaut continuent leur marche. Le colonel peut arriver dans la ligne allemande, où le caporal PACAUD, de la 1ère, qui est de garde au drapeau, tue trois ennemis. Le colonel s'installe au point 154 avec une poignée d'hommes et c'est là qu'il donne aux compagnies de réserve l'ordre de venir le rejoindre. Celles-ci avaient, de leur côté, grandement souffert du fait des tirs de barrage. Déjà un peu avant 9 heures, au moment où il se dirigeait à la tête de ses compagnies vers la rue du commandant FROMONT et la tranchée Bellune, le commandant THIMEL avait trouvé la mort. Voyant les boyaux qui conduisaient aux parallèles remplis plis de soldats des 60e et 44e qui n'avaient pu encore découvrir leur place, le capitaine BOULLE (4e ), prend le commandement, mais il est, blessé presque aussitôt; le sous-lieutenant RUTY (3e ) lui succède, mais il tombe lui aussi et il mourra quelques jours après à l'ambulance du mont Frenet. Les 3e et 4e sont ainsi privées de leurs chefs, avant d'être sorties de la tranchée. Désorganisées par les tirs de barrage, elles sont mises en réserve. Le capitaine DUFFET envoie successivement au colonel la 1ère puis la 2e compagnie; en passant à la hauteur du saillant B, l'une et l'autre sont-très fortement éprouvées par le tir des Allemands qui tiennent toujours dans ce réduit, au nombre d'environ 300 hommes. Pourtant, la progression continue : ce qui reste des trois premières vagues, conduit par le commandant PEYROTTE, s'avance vers la deuxième tranchée, qui est traversée malgré les pertes nouvelles que nous subissons. Le capitaine STEFANACCI, de la 7e , et le lieutenant COTTEZ sont tués près de la tranchée, et, à côté d'eux, on pourra recueillir les restes de 44 hommes des 3e et 2e bataillons. Les prisonniers commencent à affluer. Le sous-lieutenant BOIVIN s'empare personnellement d'un officier et contribue à la reddition de très nombreux hommes. Le sous-lieutenant PETREMENT, avec son peloton, cueille 70 prisonniers. Le soldat TISSOT, de la 12e et le soldat FRANÇOIS Henri se font remarquer par leur ardeur et leur sang-froid. Le dernier fait à lui seul 7 prisonniers. Le soldat JACQUET, de la 4e , voyant ses camarades tombés autour de lui du fait d'une mitrailleuse embusquée dans la tranchée, saute résolument sur elle, tue les trois mitrailleurs boches et s'empare de la pièce. L'on dépasse bientôt le bois C. Malheureusement, il faut marquer le pas en cet endroit, notre artillerie tirant trop court. Il faut même revenir un peu en arrière, à la deuxième tranchée, occupée encore sur certains points par de nombreux défenseurs contre lesquels nous engageons une lutte à la grenade des plus violentes. Bientôt les Boches se réfugient de partout dans des 22 centres de résistance situés à l'est du point C (8e ). Ils y tiendront encore tout le reste de la journée et même une bonne partie de la nuit. On ne pourra les réduire que pied à pied, car ils sont braves et leurs chefs énergiques. La nuit arrive bien vite, par ce ciel sombre et pluvieux d'automne; le régiment se réorganise sur le terrain conquis en attendant le moment de bondir à nouveau. Il a fait dans la journée 400 prisonniers et capturé 4 mitrailleuses et 4 minen. Il compte malheureusement 13 officiers tués, parmi lesquels 2 chefs de bataillon et 7 commandants de compagnie. Il a de plus 13 officiers blessés, dont 3 capitaines. Le nombre des hommes tués ou blessés est très considérable; leur évacuation presque impossible de jour est très difficile encore la nuit venue. |